Conformément à la Constitution, les membres du gouvernement ont répondu ce 25 octobre aux questions de la représentation nationale. Deux questions étaient à l’ordre du jour. La première, posée par Jean Valère Mbani, relative à l’ouvrage « Le génocide des Laris au Congo », paru aux éditions l’Harmattan en France. Et la deuxième, introduite par Saturnin Otsaleyoua, relative à un mouvement de panique, provoqué par des malaises, observé dans un établissement scolaire de Brazzaville ce 24 octobre 2018.
Par Candy Nzouna
Ecrit par l’avocat congolais Dominique Nkoukou, l’ouvrage « Le génocide des Laris au Congo », défraye la chronique depuis quelques jours. Dans son livre, l’auteur tente de démontrer un génocide qui serait perpétré dans la région du Pool, et parle d’un plan orchestré depuis 1963. «Qu’en est – il exactement, et quelles sont les mesures prévues par le gouvernement pour éclairer la représentation nationale, l’opinion nationale et internationale » a demandé le député. C’est le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement qui est monté au créneau pour répondre au premier volet de cette question. Pour Thierry Moungalla, cet ouvrage s’inscrit simplement dans le cadre de la campagne « de diffamation et de dénigrement systématique à laquelle font face depuis un certain temps, les autorités du Congo ». Pour le ministre, il s’agit « d’une énième attaque contre le Congo». Le silence du gouvernement aurait été à l’en croire, « une capitulation politique ». Il a pointé du doigt la photo de couverture de cet ouvrage rappelant que « cette photo est tirée d’un drame accidentel au Ghana en 2013 », avant de révéler que Dominique Nkounkou a menti sur sa situation professionnelle. « L’auteur qui prétend être avocat au barreau de Paris est frappé d’une interdiction d’exercer la profession d’avocat, ce qui caractérise le manque de sérieux de ce compatriote » a t-il affirmé. Le deuxième volet de cette question a été abordé par le ministre de la justice. Aimé Ange Wilfrid Bininga qui avait déjà parlé d’une « imposture ethno-tribale de la part de son auteur » lors d’un point de presse co-animé avec Thierry Mougalla lundi dernier, a déclaré que « cet acte ne sera pas impuni ». Le ministre de la justice a saisi le procureur général près la cour suprême pour que des poursuites judiciaires soient engagées à l’encontre de l’auteur, ses complices et l’éditeur de cet ouvrage. Enfin, un arrêté (daté de ce 25 octobre 2018) signé du ministre de l’intérieur et de la justice, « interdit l’entrée, la distribution et la mise en vente de cet ouvrage sur le territoire national ».
La deuxième question a été posée par le député d’Okoyo (Cuvette-ouest). Elle est relative aux événements survenus hier au collège Nganga Edouard de Brazzaville. « Alors que la ministre de la jeunesse et de l’éducation civique, Destinée Doukaga entamait une séance de travail pour promouvoir les valeurs civiques en milieu scolaire, plusieurs élèves sont tombés en transe ou ont perdu connaissance, après le départ de la ministre et ont été conduits au CHU (de sources hospitalières, au total 41 élèves, en majorité des filles). Que s’est-il réellement passé », a demandé Saturnin Otsaleyoua.
C’est le ministre de l’enseignement technique et professionnel, de la formation qualifiante et de l’emploi qui s’est chargé de répondre aux préoccupations du député. Nicéphore Antoine Thomas Filla Saint Eudes a confirmé qu’aucun décès n’avait été enregistré, avant de rappeler que ce genre de phénomène se serait déjà produit dans plusieurs pays tel les Usa, l’Egypte, le Zimbabwe, le Cameroun et la Tanzanie. Il a également informé que « le même phénomène s’est produit à nouveau ce 25 octobre 2015 au Lycée technique 1er Mai de Brazzaville touchant 36 lycéennes» dont les jours ne sont pas en danger selon le ministre. Pour sa part, le ministre de l’intérieur Raymond Zéphyrin Mboulou, remplaçant le premier ministre absent, a martelé « qu’il ne s’agit pas de fétiches, et que ce phénomène ne s’est pas produit en présence de la ministre, mais après son départ. Le même phénomène s’est produit à nouveau ce jeudi alors que la ministre n’y était pas ». Cet après-midi, la toile a encore été envahie d’images et de vidéos d’élèves perdant connaissance, allongés à même le sol et conduits aux urgences. Une deuxième journée de panique qui pourrait bien amplifier la psychose déjà présente au sein de la population.
Légende: Une vue de l’école Nganga Edouard © Les Echos du Congo Brazzaville