Amissétou Affo Djobo, ancienne secrétaire parlementaire, 5ème législature, dévoile dans cet entretien exclusif, son combat pour l’émancipation de la jeune fille et de la femme béninoise.
Hémicycles d’Afrique : Désormais ancienne députée, quel est votre combat pour l’émancipation de la femme dans la société béninoise ?
Amissétou Affo Djobo : Le combat pour l’émancipation de la femme reste un combat de tous les instants et qui peut être mené par aussi bien les femmes que les hommes. La spécificité en ce qui me concerne est que je suis un acteur politique engagé. Pour atteindre les résultats souhaités, il est impérieux de rendre effective et obligatoire l’éducation de la jeune fille puisqu’étant la base de tout développement humain. Il est nécessaire que les béninois puissent se départir des préjugés et des coutumes rétrogrades qui nous retardent. Aujourd’hui, il est important d’éduquer la jeune fille et le jeune garçon de la même manière, afin de leurs donner les mêmes chances d’évolution.
Mon combat aujourd’hui est particulièrement axé sur la formation à la citoyenneté, au civisme et au patriotisme, autrement dit à l’amour de la patrie. Mon combat pour l’émancipation des jeunes filles et des femmes m’oblige à être et à demeurer un exemple pour ceux et celles que je veux impacter.
J’ai engagé mon combat dans ce sens compte tenu du gap qui subsiste toujours entre les deux sexes. Ayant conscience de la grande capacité des femmes à gouverner, à gérer et à entretenir un bien commun, il est indispensable de permettre qu’un plus grand nombre de femmes aient accès à une bonne éducation afin de pouvoir réellement jouer leur rôle dans la société.
H.A : Et comment y arrivez-vous ?
A.A.D : Nous faisons comprendre aux femmes que le combat à mener est d’abord pour elles-mêmes. Elles ont toujours fait le combat certes, mais les places qui leurs étaient réservées ne permettaient pas de prendre les décisions audacieuses qui pourraient impacter le développement du pays. Il est clair pour moi que l’homme et la femme doivent aujourd’hui se tenir la main pour la construction de nos nations. Car, comme on le dit, la femme est l’un des pôles de l’humanité et l’homme en est de second. Les hommes et les femmes s’accordent pour dire qu’il existe un grand déséquilibre entre femme et homme dans le positionnement à des postes de décisions. Et cela doit être corrigé le plus rapidement pour l’intérêt de nos pays.
H.A : Êtes-vous satisfaite de la représentativité des femmes avec votre combat ?
A.A.D. : Non, je n’en suis pas satisfaite. Les fruits de ce combat sont tellement invisibles qu’il y a encore un grand travail à abattre. Je serai satisfaite le jour où je constaterai que les femmes béninoises qui font plus de 52% de la population béninoise sont représentées à 50% au moins dans les postes électifs, nominatifs et autres. Si ces gaps sont comblés, alors, je pourrai pousser un ouf de soulagement et glorifier Dieu et applaudir les hommes de mon pays. Mais pour l’heure, nous continuons le combat dans l’espoir de voir accélérer les choses pour un traitement équitable entre femme et homme.
H.A : Quel message avez-vous pour la jeune génération ?
A.A.D : Nous voulons que notre monde change, qu’il devienne plus humanisé. Nous voulons des positions pour impacter nos concitoyens. Nous voulons le développement de notre pays le Bénin, de l’Afrique et du monde en général. Tout ceci ne pourra se faire que si les femmes sont mieux éduquées et mieux formées. Tout ceci ne pourra être effectif que si les femmes, dans leur grande majorité, arrêtent de se sous-estimer et commencent réellement à avoir confiance en leurs potentiels.
Le Bénin amorcera son véritable développement lorsque les femmes vont s’engager aux côtés des hommes dans les formations politiques, militer et mériter leurs positions. Car personne mieux que la femme ne pourra servir la femme. Les femmes ne doivent attendre que d’elles-mêmes. L’émancipation de la femme est du devoir des hommes et de femmes, avec en première ligne la femme.