Le 23 janvier 2022, les Sénégalais se rendront aux urnes pour élire les conseillers municipaux à la tête de leur mairie. En attendant le lancement officiel de la campagne électorale à ce sujet, des candidats rivalisent d’ardeur pour rallier davantage d’électeurs à leur cause. Parmi les prétendants au fauteuil de la mairie de Baghère au Sud du Sénégal, le journaliste Mamadou Lamine Ba. Dans cet entretien exclusif, le candidat Ba s’est exprimé sur son choix politique et sa motivation pour le fauteuil de la mairie de Baghère. Entretien
Propos recueillis par Jean-Louis HEDEGBE
Hémicycles d’Afrique : Pourquoi vous portez-vous candidat à la mairie de Baghère pour le compte des élections locales du 23 janvier 2022?
Mamadou Lamine Ba : La commune de Baghère est d’abord ma commune de naissance. Ce qui fondent ou ce qui motive notre engagement politique et par ricochet notre candidature à la mairie de Baghère, c’est non seulement un constat, mais également un cri de cœur de la population et une demande sociale. Le constat est que le maire actuel ne travaille pas pour les populations. Un maire qui, de par son comportement, a divisé la commune en créant des problèmes partout dans la commune. Il y a aujourd’hui des villages et des ethnies qui se regardent en chien de faïence à cause du comportement du maire. L’activité économique est morte à Baghère, la jeunesse est désemparée. Le maire actuel a des problèmes avec la jeunesse parce que le sport n’est plus un facteur fédérateur aujourd’hui en lien social. Il a transformé le sport en un facteur de division. Pour toutes ces petites raisons aux graves conséquences sociales et qui impactent sur la cohésion sociale, nous ne pouvons pas être insensibles et regarder notre communauté sombrée dans un lendemain incertain.
L’autre chose qui motive notre engagement politique et surtout notre candidature est que nous avons acquis des compétences qui nous permettent de diriger une collectivité territoriale. Avec ma spécialité en marketing territorial, je sais comment transformer une commune en un territoire viable qui plaise d’abord aux populations autochtones, mais également rendre le terroir attrayant pour les investisseurs nationaux et internationaux. Donc, nous nous basons sur cette compétence que nous avons acquises au service de notre communauté. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à cet effet. Par responsabilité, par devoir vis-à-vis de notre communauté, nous sommes dans l’obligation de postuler à ce poste. Une fois élu, nous allons nous mettre au service de notre communauté.
H.A- : La population de Baghère réclame le changement. Que proposez-vous concrètement ?
M.L.A : Je confirme que la population de la commune de Baghère réclame un changement parce que pendant 7 ans, ça ne bouge pas dans la commune. Nous sommes certes, sept candidats en lice pour ces élections locales prochaines dans la commune de Baghère, mais mon équipe et moi sommes les favoris. Cela veut dire que je suis le profil qui a rassuré la population. Tout d’abord, nous avons présenté un programme cohérent qui répond aux attentes et aux besoins des populations puisque notre plan d’action est axé sur l’écoute.
Nous sommes allés à la rencontre des populations en sillonnant la commune pendant plus de 2 ans. Nous avons échangé, écouté, recueilli des doléances, fait des analyses, constaté tous les manques de la commune. C’est sur la base de ces données que nous disposons que nous avons établi notre programme. Ceci, en fonction des compétences transférées sur les collectivités territoriales. C’est donc un grand défi. Je suis avec une équipe dynamique, consciente et engagée qui travaille jour et nuit pour la cause. Nous sommes disposés à travailler et à relever ce défi. Si nous sommes élus, les populations de la commune de Baghère seront satisfaites.
H.A- : Avec ce bilan peu reluisant du maire sortant, peut-on envisager un audit de sa gestion à votre élection?
M.L.A : Le bilan du maire est effectivement calamiteux. C’est un bilan négatif en tout point de vue. Maintenant, une fois élu, nous allons commencer par travailler parce qu’il faut commencer aussi vite et le faire bien. Il faut considérer qu’une commune est un démembrement de l’administration sénégalaise et son fonctionnement doit être assuré. Si le maire sortant a posé des actes antérieurs qui vont dans le futur impacter sur la gestion de la commune, forcément il va devoir apporter des explications. S’il a posé des actes qui compromettent l’avenir de la mairie, il va devoir nous donner des explications. Si nous découvrons des documents où il est établi que quelque chose a été fait et que le constat n’est pas sur le terrain, il va devoir se justifier. C’est clair et évident. L’administration est une continuité. Nous n’envisageons pas une chasse aux sorcières, mais s’il a des choses à clarifier, le maire va devoir le faire. C’est l’intérêt de la commune qui prime.
H.A- : D’aucuns vous classent dans l’opposition politique. Qu’en est-il aujourd’hui?
M.L.A : Je dois préciser que je suis pour l’Alliance pour la République, le parti dirigé par Macky Sall. Les élections locales sont les élections locales. Macky Sall a dit lui-même le 31 décembre 2020 lors d’un entretien avec les journalistes sénégalais et internationaux que, les élections locales sont locales et qu’il n’est pas concerné. Il a ajouté que, quelle que soit l’affinité qui le lie à quelqu’un, il ne peut pas en faire un maire. La coalition dans laquelle je suis actuellement a investi le maire sortant en tant que candidat et je ne suis pas d’accord avec cela. J’ai donc pris ma responsabilité et constituer une équipe pluridisciplinaire avec des conseillers municipaux qui transcendent les partis politiques, les ethnies, les religions. Une belle équipe qui au lendemain de ces élections locales que nous espérons gagner, va se mettre au travail pour répondre favorablement aux attentes des populations. Pour le moment, on ne peut pas esquiver l’appartenance politique. Le fait que je sois de l’Alliance pour la République ne m’oblige pas à accepter ce que le parti a choisi depuis le sommet. Ces élections sont locales et elles doivent répondre leurs noms puisque ce sont les populations locales qui doivent choisir leur maire.
Que le Président choisisse un candidat à partir de leur cadre, tant mieux c’est son choix, je le respecte. Moi, je vais être choisi par les populations de ma commune. Et pour cela, nous avons jugé nécessaire de briguer la mairie de Baghère avec un parti politique membre de la majorité présidentielle. Donc je ne suis pas de l’opposition, je n’ai pas démissionné de l’Alliance pour la République. C’est un combat politique de principe que nous menons. Nous nous battons pour les populations de notre commune et nous voulons le faire ici au niveau local, au plan national et maintenant quand viendra une élection présidentielle ou une autre élection à dimension nationale, on verra. Mais pour ces élections locales prochaines, ce sont les populations qui, de manière autonome sans orientation politique aucune, sans corrélation politique aucune, doivent choisir parmi les candidats qui se sont investis puis se sont déclarés, la personne qui les rassure et qui peut diriger la commune de par ses compétences et valeurs.
H.A- : Quel regard portez-vous sur la chasse aux opposants dans laquelle le régime de Macky Sall s’est lancé à la veille de ces élections ?
M.L.A : Je ne suis pas d’avis que le Président de la République ou le gouvernement fasse la chasse aux opposants. Ce qui se passe au Sénégal est qu’il y a un excès de liberté. Les gens abusent de tout dans le pays. La démocratie, certains pensent qu’ils doivent faire ce qu’ils veulent quand, comment et où ils veulent même s’ils dérangent les autres, ce n’est pas leur problème. La liberté, certains la confondent avec le libertinage. Un pays stable comme le Sénégal doit être un modèle démocratique, de stabilité et qui accueille plusieurs nationalités. Les opposants qui veulent déstabiliser le pays, qu’on les laisse faire ? Et ces étrangers ne seront-ils pas dans le désarroi parce qu’ils ne sont pas dans leur pays ?
Imaginez qu’il y a des troubles dans le pays et que ces gens soient dans l’impossibilité de suivre les cours pour lesquels ils sont là, si je prends l’exemple des étudiants. Imaginez que les investisseurs étrangers qui ont mis leurs argents au Sénégal et qu’on les empêche de travailler. Imaginez qu’un malade qui veut se déplacer pour aller à l’hôpital recevoir des soins se retrouve bloqué sur la voie à cause des opposants qui manifestent. Cela ne peut pas continuer. Il faut que l’on cultive le respect à l’égard de son prochain. La liberté, oui je suis pour, mais il faut que la liberté soit encadrée par la responsabilité. Au Sénégal il y a des gens qui abusent de tout et c’est dommage.
H.A- : Qu’attendez-vous de vos militants?
M.L.A : À tous mes partisans, je demande à chacun de se mobiliser davantage, de massifier notre mouvement, de discuter avec les populations et de partager notre programme avec eux. Aller vers les gens et plus précisément les électeurs pour discuter avec eux et les écouter, mais surtout les rassurer que nous avons le meilleur programme. Ces élections sont capitales pour le pays et en particulier pour notre commune. C’est au terme de ces élections que nous allons enfin lancer de nouvelles bases pour l’essor économique, social, culturel de notre commune Baghère. C’est une responsabilité collective et c’est d’ailleurs l’ambition que nous nourrissons pour notre commune puisque c’est la principale motivation de notre candidature. J’invite tout le monde à davantage travailler, à discuter avec la population en toute courtoisie, diplomatie et dans la fermeté devant nos adversaires.