Au Sénégal, la loi portant sur le parrainage aux élections présidentielles a été adoptée ce jeudi. Avant le vote de la loi, les députés de l’opposition ont quitté l’hémicycle.
Par Ibrahima Diouma Ba
Alors que la société civile, les chefs religieux et coutumiers ainsi que les partis d’opposition avaient appelé au report du vote du projet de loi sur le parrainage à l’élection présidentielle, les députés de la majorité en ont décidé autrement. Ils ont adopté cette réforme constitutionnelle au bout de huit heures d’échanges houleux avec les élus de l’opposition dans l’hémicycle. D’ailleurs, ces derniers n’ont pas assisté au vote au motif du rejet de la poursuite des débats. « La loi n’est pas conforme à la Constitution. Toute disposition concernant le mode d’élection du chef de l’Etat doit passer par un référendum » a déploré Madické Niang, président du groupe parlementaire des libéraux.
Les partisans de la réforme à l’image du président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse et du ministre de la justice se sont félicités de l’adoption de cette nouvelle loi.Selon Ismaila Madior Fall, « le parrainage n’est pas nouveau au Sénégal puisqu’il est appliqué aux candidats indépendants pour les élections locales et législatives depuis plusieurs décennies. Désormais, le parrainage s’appliquera aux membres des partis politiques et à l’élection présidentielle ».
Que dit la loi sur le parrainage
Le gouvernement avait proposé que chaque candidat à la présidentielle puisse être parrainé par au moins 1% des électeurs inscrits sur le fichier électoral, soit 65 000 signatures. Lors d’un bref échange, Aymérou Gningue le président du groupe Benno Bok Yaakar(majorité), a présenté un amendement ramenant ce chiffre à 0,8%. Ce qui a été avalisé par l’Assemblée nationale tandis que toutes les propositions faites par les députés de l’opposition ont été rejetées. Avec cette loi, ces derniers y voient une façon d’écarter certains candidats de la course à la présidentielle. Pour les défenseurs de la loi, il s’agit d’assainir les listes de candidature aux présidentielles, dans un pays qui compte plus de 300 partis politiques.
Dakar aux allures d’une ville morte
Avant qu’elle n’entre en vigueur la loi sur le parrainage sera promulguée par le président Macky Sall. Il est également attendu un nouveau passage de l’exécutif devant les députés pour la révision du code électoral en y incluant des dispositions concernant le parrainage.
Ce 19 Avril, de violentes manifestations ont éclaté dans les grandes villes du Sénégal comme Dakar, Thiès, Touba, Kaolack pour ne citer que celles-ci. Dans la capitale, les activités étaient au ralenti. Les écoles de Dakar-Plateau n’ont pas ouvert leurs portes et le transport en commun n’était pas fonctionnel au centre ville. A signaler l’interpellation et l’arrestation de plusieurs personnes dont des leaders de l’opposition et de la société civile. On peut citer le président du parti Rewmi Idrissa Seck, le leader du Grand Parti Malick Gakou, le membre du mouvement « Y en a marre » Kilifeu et le leader du Collectif « France dégage » Guy Marius Sagna.
Légende: photo Assemblée nationale Sénégal ce jeudi (Crédit photo: seneweb)
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